Les voitures sont de plus en plus équipées : écran multimédia, applications, puces embarquées, services connectés, réplication smartphone, cockpit 3D, etc. Comment le conducteur, mais aussi les passagers interagissent avec ces éléments ? Pour Luc Julia, c’est une expérience complète et complexe qu’on vit à bord et en dehors du véhicule.
Si nos voitures font déjà partie aujourd’hui de nos expériences de vie, c’est grâce à leur connectivité et aux interactions de plus en plus personnalisées qu’elles génèrent. Pour Carlo Ratti « ces interactions sont à plusieurs niveaux, on peut maintenant interagir non seulement à l’intérieur de la voiture, mais également avec l’environnement extérieur » À l’image d’un smartphone, la voiture doit offrir des outils fonctionnels et efficaces. Pouvoir faire tout ce que nous voulons au moment où nous avons besoin de le faire, en somme. Une voiture réagit à nos préférences, à nos particularités, elle recueille des informations pour mieux nous accompagner : façon de conduire, habitudes de trajet, goût musicaux, expériences préférées à bord, etc. Puis, de plus en plus, elle se renseigne sur l’environnement extérieur pour créer des interactions : « Vous savez s’il y a une voiture à proximité, vous avez des caméras qui regardent ce qui se passe autour. Grâce à cela, la voiture peut être une plateforme beaucoup plus interactive qu’un simple smartphone, parce qu’il y aura beaucoup plus de données que vous traitez. »
Le son, les écrans tactiles, les assistants vocaux, les aides à la conduite, c’est tout un univers connecté qui contribue à créer l’expérience de vie à bord de nos véhicules.
On ouvre alors grand nos oreilles et on écoute avec attention Armin Prommersberger : « Nous sommes des êtres émotionnels et nous aimons les émotions. Le son, comme la musique, crée des émotions. Le système sonore est vraiment une interface entre l’artiste et vous qui écoutez. Mais le système sonore peut faire plus parce que vous avez des appels qui vous arrivent et qui peuvent induire des émotions positives ou négatives. Le système sonore peut vous aider à vous sentir plus confortable et plus à l’aise. Il peut enlever les sons qui sont gênants.»
Il rajoute que « la partie la plus excitante et la plus passionnante, c’est vraiment celle liée à la sécurité. Parce qu’aujourd’hui on parle de la musique, et des appels téléphoniques. Mais on parle évidement aussi de la conduite autonome. Pour cela, il y a des capteurs qui permettent de prendre des décisions pour notre vie… Vous pouvez décider où vous allez mettre vos avertissements sonores. S’il y a un piéton qui approche de la droite, vous pouvez mettre l’avertissement sonore à droite et votre cerveau, en fait, arrive à traiter les signaux sonores beaucoup plus rapidement que les signaux visuels. »
Luc Julia attribue, lui aussi, une grande importance aux perceptions auditives : « Le son est quelque chose qui est très bien traité par le cerveau humain. C’est-à-dire que si, par exemple, il y a un problème dans la voiture, le message sonore ou le message parlé sera beaucoup plus facile à traiter qu’un message visuel affiché sur votre écran. Le son est beaucoup plus rapide, beaucoup plus utile pour l’interaction. C’est quelque chose qu’on va avoir de plus en plus dans les voitures. »
Dans cette nouvelle ère de la data, du edge computing, de l’apprentissage automatique et de l’intelligence émotionnelle, la mobilité est au cœur des réflexions. Comment envisager le futur des déplacements ? Peut-on les penser de manière durable ? Comment toutes ces technologies influencent la mobilité de demain ?
Luc Julia, expert mondial en matière d’intelligence artificielle, témoigne : « Les choses avancent très vite. L’intelligence artificielle a cette aura, cette image qui ne correspond pas à la réalité. Il faut se focaliser sur des choses qui vont véritablement être utiles pour les personnes qui conduisent des voitures et qui seront utiles d’abord et surtout pour la sécurité. Ensuite, il faut voir comment cette intelligence artificielle peut être utilisée. »
Pour lui « la voiture devient une source d’interactions multiples avec l’environnement, avec vous-même. Dans la voiture, selon où vous êtes, ce que vous faites, les capteurs de l’intelligence artificielle favorisent cette fusion entre tous les éléments, intérieurs et extérieurs. Cela permettra d’arriver au juste équilibre d’interaction entre vous et la voiture. L’intelligence artificielle peut faire évoluer et faire changer notre expérience aussi bien dans la voiture qu’à l’extérieur. »
Quand on parle de la mobilité de demain, on parle bien sûr de la liberté de mouvement mais aussi de tout l’environnement qui contribue à apporter les meilleures solutions de mobilité, tout en préservant la planète. Les villes intelligentes en font partie. La mobilité de demain, c’est une diversité de solutions de mobilité qui vont interagir grâce aux données.
Pour Luc Julia « le défi est de trouver le mode de propulsion qui soit le meilleur possible pour l’environnement. Le véhicule électrique semble être une bonne solution. La voiture électrique doit être intelligente pour trouver le moyen idéal d’aller du point A au point B en s’arrêtant là où on pourra recharger la batterie. La ville de demain intègre le transport multimodal, c’est-à-dire la combinaison des moyens de déplacement en ville, on devrait pouvoir trouver un ensemble de solutions plus larges, des solutions de micro-mobilité qui vont nous aider. On pourra avoir des villes sans émissions de CO2. La mobilité urbaine se fera autour des véhicules partagés. »
La conduite autonome, les voitures connectées… On se pose tous la même question : à quoi pourrait ressembler la voiture du futur ? Luc Julia, notre expert, éclaircit la question : « Lorsqu’on parle de la conduite autonome, il y a cinq niveaux d’autonomie. Le niveau 5 c’est le niveau le plus élevé où il n’y a plus besoin de conducteur. Vous pouvez jouer aux cartes dans la voiture et la voiture vous conduit d’un point A à un point B sans aucune intervention. Et ça, c’est magique ! Mais ce niveau est difficile à atteindre car cela dépend de la complexité de l’environnement et de la vitesse. Mais le niveau 4 n’est pas loin de cela. Vous aurez un véhicule essentiellement autonome. Donc effectivement dans certains cas, vous pourrez jouer aux cartes. Mais l’intervention humaine peut être nécessaire. Dans les années à venir, on va arriver aux niveaux 3 et 4, et cela serait remarquable en termes de sécurité. Ces systèmes d’intelligence embarquée, d’intelligence artificielle vous permettent aujourd’hui d’éviter beaucoup d’accidents, car ces systèmes sont susceptibles de réagir mieux que vous-même dans beaucoup de situations.»
Pour les trois participants à ce débat, une chose est sûre : la voiture du futur sera une expérience totalement différente à vivre. « Tout sera fluide, transparent, payé par avance. On se déplacera comment on a envie, quand on a envie. Il y aura de meilleures interfaces pour le conducteur, mais aussi pour les passagers. Par les fenêtres nous allons pouvoir expérimenter ce monde de façon complètement différente. C’est quelque chose de fantastique qui nous attend », s’enthousiasment-ils.